barbara noiret
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verriere

verrière, 2006

Institut Marcel Rivière, centre psychiatrique de la Verrière
vidéo : 2’32"
édition d’un dvd
5 exemplaires + 2 EA

La vidéo « verrière » rend compte d’une performance réalisée pendant le déjeuner des patients et des soignants au restaurant. Elle a été réalisée en collaboration avec Régis Bouchet-Merelli et Dominique Larcher, de la compagnie de danse contemporaine K-Denza. Seules quelques minutes ont été retenues de la performance pour créer cette vidéo, structurée autour des mouvements des corps en lien avec l’architecture. L’enregistrement de la chorégraphie est rythmé par le bruit ambiant du repas (assiettes, couverts, discussions…). La performance a été conçue en relation avec le contexte historique et architectural du restaurant : la salle dans laquelle elle se déroule était réservée au repas des soignants dans les années 60. Cette pièce carrée est séparée par de grandes baies vitrées d’une autre salle de plus grandes dimensions, où déjeunaient les patients. A l’époque, ces baies vitrées servaient pour l’observation et le diagnostic des patients pendant le déjeuner. Aujourd’hui ces pratiques ne sont plus en usage, mais les soignants déjeunent dans cette même salle et les patients dans l’autre. L’objectif de la performance était que tous déjeunent dans la même partie du restaurant ; que l’espace à la fois ouvert et fermé par les verrières devienne un lieu de performance, où les objets perdent leur fonction : les tables sont assemblées - désassemblées, pour former un « plateau de danse », les chaises ne servent plus à s’asseoir. Une tentative de perturber l’espace du repas, les habitudes de chacun, en réinventant une architecture mentale.
B.Noiret

"Verrière réalisée par Barbara Noiret au restaurant du centre psychiatrique de la Verrière en 2006, s’impose d’emblée dans sa volonté affichée d’un bouleversement. L’artiste a répondu judicieusement à une invitation de résidence à l’institut Marcel Rivière. Elle s’immisce subtilement et comme à son habitude de façon éphémère dans un univers associé à la contrainte plutôt qu’à la réjouissance et qui a priori inquiète. En perturbant le tangible, le quotidien, l’inévitable, Barbara Noiret crée de l’imprévisible dans un monde régulé. L’intervention joue de multiples déplacements : déplacement du personnel, des danseurs, du mobilier et de leur valeur d’usage. La salle dans laquelle se déroule la performance est dotée de baies vitrées qui la séparent et l’ouvrent sur un second espace. Habituellement, les soignants déjeunent dans cette première pièce. Autrefois ils pouvaient aussi surveiller à travers les vitres les patients pendant leur déjeuner. L’observation et diagnostic ne s’arrêtaient jamais. Si ces pratiques de surveillance ont désormais disparu, les soignants et les patients demeurent séparés au cours du déjeuner. Verrière, le temps de la performance, réunit l’assemblée dans un seul et même espace, spectateurs de la même métamorphose. (...) La performance s’est montée avec la complicité de danseurs : Régis Bouchet-Merelli et Dominique Larcher, de la compagnie contemporaine K-Denza. Ce film très court condense en deux minutes trente l’urgence d’un programme improvisé en vingt-cinq minutes. Les bruits ambiants (vaisselles et discussions…) flottent tandis que sont déplacés les éléments du mobilier dotés d’autres fonctions. Chaises et porte plateaux virent dans la salle et les tables sont rassemblées en plateau de danse. Chaque geste est assuré, soutenu. Les corps se déplacent librement, tourbillonnent chaises en main, grimpent sur les tables, s’accordent les débordements interdits habituellement dans une salle de restaurant. Tenant compte de la spécificité du lieu, de sa configuration et sans rien enlever ni ajouter, Verrière se joue presto. À travers la transformation fugace et la restitution immédiate de la disposition initiale, elle ouvre spontanément une brèche, une percée entre deux états. S’inspirant de l’esprit du lieu associé communément à l’enfermement et au contrôle des corps et des esprits mais aussi à la volonté de l’hôpital d’humaniser les résidences des patients, Barbara Noiret propose dans la fulgurance de cette vidéo une délivrance salvatrice."

Mo Gourmelon